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Comment relever le défi quotidien qui consiste à suivre son traitement tel qu'il a été prescrit ? Le projet Vidis ( Virtual Integrated Drug Information System) entend aider les patients et les soignants dans cette tâche. Il est coordonné par l'Inami et fait partie du plan eSanté. A terme, les outils d'e-santé devraient en effet permettre d'optimaliser l'utilisation des données en continu par tous les utilisateurs." Le partage de l'information sur le traitement médicamenteux du patient est essentiel pour l'adhésion de celui-ci et son suivi par les dispensateurs de soins impliqués ", a expliqué Yoeriska Antonissen (Inami) lors du Belgian Brain Congress (Liège, 19 octobre)1.L'objectif de Vidis ? Rendre consultable l'information sur le traitement médicamenteux d'un patient, disponible dans les différents systèmes de partage de données existants, pour les prestataires de soins (via leur logiciel) et le patient (par exemple via le Personal Health Viewer). Sont ici visés le schéma de médication partagé (coffres forts), les prescriptions électroniques (RECIP-e), le dossier pharmaceutique partagé (DPP), les autorisations de remboursement (MyCareNet) et des notes dans un journal qui permet aux différents intervenants de communiquer entre eux.In fine, le but est que toutes ces données soient consolidées de manière virtuelle et présentées sous forme d'un aperçu global. De cette façon, le patient et tous les prestataires de soins peuvent consulter un seul dossier de médication, sans devoir ouvrir un par un chaque système." La pierre angulaire de base de ce dossier de médication est le schéma de médication partagé, poursuit-elle. À terme, la vue 'dossier de médication' permettra d'accéder, par exemple aux prescriptions électroniques encore à exécuter ; aux autorisations de remboursement ; et aux notes du journal. Par ligne de médication, la vue 'dossier de médication' donne également de l'information quant au statut de délivrance du médicament (un conditionnement a-t-il été délivré ? ...). Dans une phase ultérieure, elle permettra également de consulter l'historique du traitement ".À côté, le projet Vidis poursuit d'autres objectifs. Parmi eux, la gestion multidisciplinaire du schéma de médication partagé et l'amélioration de la transparence sur les modifications du traitement médicamenteux du patient pour les soignants et le patient lui-même, complète-t-elle : " Les adaptations apportées au schéma de médication se feront selon un processus logique et la motivation d'une modification sera partagée. À cet effet, les systèmes de partage de données existants subissent un nombre d'évolutions qui les rendront compatibles à la base et plus alignés (par exemple dans le schéma de médication et la prescription électronique, le médicament sera exprimé comme traitement et non plus comme un conditionnement) afin d'améliorer l'interopérabilité entre les systèmes ".Pour arriver à cette intégration, le projet Vidis prévoit des règles et des directives pour les fournisseurs de logiciel et les utilisateurs, sans oublier l'optimalisation de la qualité des données." Le projet Vidis n'est pas un grand rêve qui se réalisera peut-être un jour, commente Lieven Zwaenepoel, vice-président de l'APB. Non, il est en cours de réalisation. La prescription électronique vient encore d'être postposée, le timing n'est donc pas fixé, mais on sait où on veut aller. Pour y arriver, il faut poser les premiers pas et puis attendre que les conditions nécessaires se remplissent. L'un des facteurs limitants concerne les performances du système e-Health... "Le groupe de travail Vidis existe depuis 2015 et, aujourd'hui, les premières implémentations sont déjà effectives comme les coffres forts et Recip-e : " On a également déjà pris un certain nombre de décisions de convention entre les systèmes. La source authentique des médicaments (SAM) 2 est aussi en cours : cette banque de données des médicaments est gérée par l'Inami, nourrie par le CBIP, l'Inami, l'Afmps, e-Health et l'APB (pour les préparations magistrales, les dispositifs médicaux et les denrées alimentaires). La base légale d'utilisation de cette banque par tous les acteurs a été votée mi-octobre et l'AR va suivre pour obliger à l'utiliser afin d'augmenter l'interopérabilité entre tous les acteurs ".Une autre implémentation en cours concerne l'indisponibilité des médicaments telle que reprise dans la database gérée par l'Afmps.Vidis poursuit un but général : la qualité des soins et la qualité de vie des patients, grâce aux soins intégrés. Dans ce cadre, le partage des données est un facteur nécessaire. " Raison pour laquelle on sensibilise depuis longtemps les gens pour qu'ils donnent leur consentement : ils sont déjà 7.000.000 à l'avoir fait en Belgique, s'enthousiasme-t-il. C'est pas mal ! Quant à la connectivité au DPP, elle est aujourd'hui à plus de 98 %, c'est énorme ! Cela a pris du temps, mais on y est presque "." Le DPP est un outil de partage de données monodisciplinaire, développé par et pour les pharmaciens, financé par l'APB et l'Ophaco afin de supporter les soins pharmaceutiques. Bien sûr chaque pharmacien peut partager des données qui sortent du DPP, comme le schéma de médication. Les développements futurs sont difficiles à prédire, mais sans réciprocité d'échange et sans (co)financement il n'y en aura pas ou peu "." L'e-santé génère beaucoup de frustration, mais il y a aussi beaucoup de progrès !, se réjouit Lieven Zwaenepoel. Quand je regarde où on en était il y a 5 ans, il n'y avait que l'assurabilité par MyCareNet qui était générale en pharmacie. Aujourd'hui, la prescription électronique est généralisée, MyCareNet est généralisé pour la plupart des professions de santé en première ligne, le schéma de médication se met petit à petit en place à travers les 3 coffres forts, la fonctionnalité du journal existe dans le Réseau Santé Wallon, etc. "" Dans ce contexte-là, ajoute Alain Chaspierre, président de l'APB, les pharmaciens pourraient apporter une valeur ajoutée liée par exemple à des signaux sur l'adhésion thérapeutique qu'ils peuvent suivre. C'est intéressant à la fois pour la santé du patient et comme indicateur pour les autres professionnels de la santé, pour éviter des sur-prescriptions ou des sur-examens, en cas de déficit d'adhésion. Cela pourrait être des pistes pour le futur ".Le rôle du pharmacien dans Vidis ne s'arrête pas là : " Il peut indiquer dans le schéma de médication les médicaments en automédication que le patient est venu chercher. Cette automédication et ces produits de santé peuvent générer des interactions qui sont intéressantes à connaître dans le traitement global du patient, si un nouveau médicament doit être ajouté ".