...

Quelle réalité recouvre l'herboristerie ? Comment soutenir une production agricole de qualité et écoresponsable, au service du développement durable ? Comment valoriser des usages traditionnels des plantes tout en favorisant la recherche et l'innovation ? Comment répondre aux attentes des consommateurs en matière de conseil et d'information alors que le métier d'herboriste aspire à renaître ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles le rapport sénatorial a tenté d'apporter des réponses.Pour commencer, il faut savoir qu'en France, le métier d'herboriste a été supprimé en 1941 et que depuis, la vente des plantes médicinales dans un but thérapeutique relève du monopole des pharmaciens, sauf pour 148 plantes bénéficiant d'une dérogation du fait de leur usage alimentaire." Les plantes médicinales et l'herboristerie renvoient à des traditions de soins populaires, fondées sur des usages parfois millénaires. La valorisation des actifs végétaux est aussi à la source de la pharmacie moderne et porteuse d'avancées scientifiques dans des champs de plus en plus diversifiés. Ancrée dans la tradition, tournée vers l'avenir, la 'filière plantes' - de la production agricole à la commercialisation de multiples produits dérivés des plantes - s'inscrit aujourd'hui dans un marché dynamique, porté par des attentes sociétales ". Tel est le tableau dressé en préambule à ce travail.Mise sur pied en avril, la mission d'information sur le développement de l'herboristerie et les plantes médicinales a remis ses conclusions le 26 septembre dernier. Son objectif était large, explorant à la fois la filière économique de l'herboristerie (plantes médicinales, aromatiques et à parfum) et l'aspect métier avec l'évaluation de la possibilité de recréer un diplôme d'état d'herboriste, un métier qui existe de fait en France.A l'issue de ce rapport, 40 propositions ont été faites. Parmi elles, la collaboration avec d'autres pays pour inscrire les connaissances et savoir-faire liés à la culture et à l'usage traditionnels des plantes médicinales sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco ; la création d'un label 'Plantes de France' et la fixation d'un objectif de 50 % des surfaces cultivées en bio à l'horizon 2025 ; la révision de la liste des 148 plantes médicinales libérées du " monopole " pharma ceutique, en étudiant la possibilité d'informer sur les usages traditionnels reconnus et validés concernant 'les petits maux du quotidien' ; l'intégration des plantes médicinales à leur juste place au sein du système de santé, en consolidant les prérogatives des pharmaciens, en sensibilisant les médecins et l'ensemble de la chaîne du soin.Aujourd'hui, la mission propose de poursuivre la réflexion afin d'envisager notamment les conditions d'une " reconnaissance éventuelle " des métiers d'herboristes, et espère aboutir à une proposition de loi.Pour conduire cette mission d'information, une centaine de personnes (producteurs, herboristes, pharmaciens...), françaises et étrangères, ont été auditionnées. C'est une herboriste diplômée, Dominique Cremer, présidente de l'Unadis (Union professionnelle belge des détaillants spécialisés en produits bio et compléments alimentaires), qui a présenté la situation belge.Elle a rappelé que la Belgique est le seul pays européen à délivrer un diplôme d'herboriste homologué par l'Etat alors que la profession même n'est pas reconnue ! Les formations sont données par l'Ifapme et l'Efp du côté francophone et par Syntra en Flandre.Selon la définition, " l'herboriste est un professionnel du bien-être et, en tant que détaillant, il conseille et vend des produits du bien-être, le plus souvent à base de plantes et de substances naturelles voire bio, il veille à répondre précisément à la demande du client par le choix d'un produit adapté, tout en étant conscient des limites d'utilisation et des risques d'une utilisation abusive (personnes à risque, autre médication...). Le cas échéant, il donne des conseils sur l'hygiène de vie. Dans un contexte plus large, l'herboriste peut récolter et transformer des plantes dans le respect des règles de sécurité, d'hygiène et de protection de l'environnement "." On forme des conseillers et non des thérapeutes', c'est pourquoi la formation dépend du ministère de l'économie, précise Dominique Cremer. Il est strictement interdit de recevoir dans un cabinet et de poser un diagnostic ou de prescrire. Il s'agit d'orienter les clients vers l'utilisation la plus judicieuse possible des plantes médicinales "." En Belgique, on forme donc des chefs d'entreprise, mais le diplôme ne donne pas d'accès à la profession d'herboriste. On y travaille, explique-t-elle : nous espérons que la profession sera un jour reconnue. Aujourd'hui, il y a un accès à la profession de boulanger ou de coiffeur, mais pas d'herboriste! L'année dernière, on a essayé d'uniformiser les formations entre la Wallonie et la Flandre, pour pouvoir présenter un projet commun de reconnaissance fédérale. Tout le monde serait gagnant, surtout dans le contexte actuel de vente sur internet, cela nous donnerait une certaine crédibilité. Pas celle d'un pharmacien, mais celle d'un herboriste. Je suis herboriste, mais je ne suis 'que' herboriste : je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire !"L'une des intervenantes aux auditions françaises, Caroline Gagnon, présidente de la Guilde des herboristes du Québec (Canada), a tenu à rappeler que l'herboristerie est avant tout préventive et qu'il convient de trouver la complémentarité entre les thérapeutes et les herboristes.